A s’étirer comme un chat et bayer aux corneilles, on a déjà l’impression de changer de corps. Spontanément, on tend ses membres le plus loin possible, on les contracte. Puis on décontracte. On relâche enfin. Et notre armure se démantèle dans un souffle libérateur ! Mais ces mouvements réflexes ne suffisent pas à chasser toutes les tensions accumulées devant un ordinateur, en voiture, dans cette multitude de fâcheuses positions qui nous recroquevillent au nom de la vie moderne. Alors, pourquoi ne pas s’inscrire dans un cours de stretching pour éviter de se tasser davantage ?
« Pour la plupart des gens, la définition du stretching se résume à sa traduction : étirer. Encore faut-il savoir ce qui est étirable ou pas dans le corps humain », précise Béatrice Cahors, kinésithérapeute à Marseille et spécialiste de cette discipline.
Etirer …?
Les os : impossible
Les muscles : ils ne présentent aucun intérêt à être étendus.
Restent les tendons, les ligaments, tout ce qui enveloppe les muscles pour les fixer aux os, ce tissu conjonctif nommé aponévrose. C’est lui que l’on peut véritablement étirer, souligne Nathalie Guissard.
Cette chercheuse en neurophysiologie à l’Université libre de Bruxelles passe au crible toutes les méthodes de stretching et met en garde contre cette idée répandue que les techniques d’étirement permettent de grandir et de s’affiner« Certes, en étirant le muscle, vous allongez les aponévroses, mais ensuite la fibre musculaire reprend sa position de départ. Sauf à associer cette gymnastique à une dépense énergétique comme la course à pied ou à un sport sollicitant le système cardio-vasculaire, à un travail de renforcement musculaire ou à un régime, vous ne gagnerez pas une taille de pantalon.
En revanche, pratiquée régulièrement, la bonne mise en posture qu’elle suscite devient naturelle et vous vous redressez. » Les fameux centimètres supplémentaires sur la toise viennent donc tout simplement d’un meilleur maintien !
Autres bénéfices
- Il facilite les mouvements
La mission des aponévroses consiste à limiter ou à favoriser la mobilité musculaire et articulaire. En les étirant, on gagne donc en capacité à se mouvoir. Les gestes deviennent plus fluides, plus amples. On s’assouplit. - Il rééquilibre le tonus musculaire
On a tendance à contracter plus que nécessaire la plupart de nos groupes musculaires. Les étirer permet d’harmoniser l’activité tonique en fonction de nos besoins réels. Une vertu compensatrice indispensable aux sportifs. Ne répète-t-on pas qu’il faut s’étirer avant et après un effort. - On évite les douleurs chroniques
Le muscle s’habitue aux positions incorrectes qu’on lui fait subir, surtout lorsque l’on manque d’activité physique. En améliorant la souplesse corporelle, le stretching évite ou améliore les raideurs, qui sont souvent les révélateurs d’un stress ou d’une souffrance psychologique. - On redécouvre son corps
En se concentrant sur une posture, en isolant une partie du corps pour l’étirer, on prend conscience de l’existence de zones oubliées, dégradées ou volontairement négligées. On peut ainsi ressentir certains muscles paravertébraux. Notre propre schéma corporel prend alors forme dans notre tête et on le situe mieux dans l’espace. - On se relaxe, sans en avoir l’air…
Nos angoisses, nos conflits, nos inquiétudes, eux aussi, s’impriment dans notre corps, jusqu’à le mettre sous tension. « Le corps se raidit pour libérer de l’énergie au cerveau qui en mobilise beaucoup en cas de stress, explique Béatrice Cahors. On est raide entre les omoplates, au niveau des cervicales. La mobilité va permettre une meilleure oxygénation du cerveau. Petit à petit, le corps reprend ses droits. » En travaillant ses postures, en dénouant ce qui entrave le mouvement, on lâche prise.
Cette sensation de détente par le stretching peut d’ailleurs fournir un tremplin vers d’autres méthodes de relaxation. « Ceux qui ne sont pas réceptifs à la sophrologie (technique dérivée de l’hypnose, permettant de soulager les douleurs, de développer ses propres potentiels, etc.), par exemple, parce qu’ils se sentent comme “possédés” par celui qui guide la séance, trouveront un bon compromis dans le stretching. Ils travailleront d’abord sur le physique avant d’y trouver une source de réflexion personnelle sur soi », ajoute la kinésithérapeute. - Il développe la concentration
Le stretching réclame une attention intense pour observer la posture ou le mouvement d’étirement recherché, pour sentir précisément le muscle qui travaille, pour accorder sa respiration au geste ou à l’attitude. La lenteur d’exécution, indispensable pour obtenir un meilleur allongement, participe à cet état de vigilance. - On met à l’épreuve sa volonté
Si vous ne faites aucun effort, personne ne le fera à votre place ! Pas question de faire semblant de contracter le quadriceps et de relever la pointe des pieds au maximum pour étirer le mollet, si vous désirez obtenir des résultats. Il est si facile de ne pas se donner à fond lors d’une séance. - On récupère de l’énergie
Finalement, en nous mobilisant corps et âme, ce contrôle total des gestes ou des attitudes nous remet en accord avec notre organisme, favorise la confiance en soi. On se détend au service d’un meilleur rendement musculaire et articulaire dans le but de récupérer une aisance perdue par négligence. Et on se requinque.
Extrait de l’article Stretching: la gym qui cultive l’élégance: Stretching …
Le rythme du stretching procure une détente permettant de lutter contre le stress.